Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de quelques uns, on m’avait chargé du rapport pour me lier à des idées qui ne sont point faites, ce me semble, pour moi.

Je ne puis épouser le mal. Je m’en suis expliqué en présence des comités, je rapporterai mes propres paroles devant eux, lorsqu’il me parut qu’on les avait assemblés pour les égarer :

Citoyens, leur dis-je, j’éprouve de sinistres présages, tout se déguise devant mes yeux, mais j’étudierai tout ce qui se passe, je me dirai tout ce que la probité conseille pour le bien de la patrie, je me tracerai l’image de l’honnête homme et ce que la vertu lui prescrit en ce moment, et tout ce qui ne ressemblera pas au pur amour du peuple et de la liberté aura ma haine.

Le lendemain, nous nous assemblâmes encore, tout le monde gardait un profond silence, les uns et les autres étaient présents. Je me levai, et je dis:

Vous me paraissez affligés, il faut que tout le monde ici s’explique avec franchise, et je commencerai, si on le permet.

Citoyens, ajoutai-je, je vous ai déjà dit qu’un officier suisse, fait prisonnier devant Maubeuge, et interrogé par Guvton, Laurent et moi, nous donna la première idée de ce qui se tramait. Cet officier nous dit que la police redoutable survenue dans Cambrai, avait déconcerté le plan des alliés, qu’ils avaient changé de vues, mais qu’on ne se plaçait en Autriche dans aucune hypothèse d’accommodement avec la France, qu’on attendait tout d’un parti qui renverserait la forme terrible du gouvernement, que l’on comptait sur des intelligences, sur des principes sévères. Je vous invitai de surveiller avec plus de soin tout ce qui tendait à altérer la forme salutaire de la justice présente: bientôt vous vîtes vous-mêmes percer ce plan dans les libelles étrangers. Les ambassadeurs vous ont prévenus de tentatives prochaines contre le gouvernement révolutionnaire: aujourd’hui que se passe-t-il ? On réalise les bruits étrangers; on dit même que si l’on réussit, on fera contraster l’indulgence avec votre rigueur contre les traîtres.