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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/499

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Je dis ensuite que, la République manquant de ces institutions d’où résultaient les garanties, on tendait à dénaturer l’influence des hommes qui donnaient de sages conseils, pour les constituer en état de tyrannie, que c’était sur ce plan que marchait l’étranger, d’après les notes mêmes qui étaient sur le tapis, que je ne connaissais point de dominateur qui ne se fût emparé d’un grand crédit militaire, des finances et du gouvernement et que ces choses n’étaient point dans les mains de ceux contre lesquels on insinuait des soupçons.

David se rangea de mon avis avec sa franchise ordinaire. Billaud Varenne dit à Robespierre : Nous sommes tes amis ; nous avons marché toujours ensemble. Ce déguisement fit tressaillir mon cœur.

La veille, il le traitait de Pisistrate et avait tracé son acte d’accusation.

Il est des hommes que Lycurgue eût chassés de Lacédémone sur le sinistre caractère et la pâleur de leur front, et je regrette de n’avoir plus vu la franchise ni la vérité céleste sur le visage de ceux dont je parle.

Quand les deux Comités m’honorèrent de leur confiance et me chargèrent du rapport, j’annonçai que je ne m’en chargeais qu’à condition qu’il serait respectueux pour la Convention et pour ses membres. J’annonçai que j’irai à la source, que je développerais le plan ourdi pour saper le gouvernement révolutionnaire, que je m’efforcerais d’accroître l’énergie de la morale publique. Billaud-Varenne et Collot d’Herbois insinuèrent qu’il ne fallait point parler de l’être suprême, de l’immortalité de l’âme, de la sagesse, on revint sur ces idées, on les trouva indiscrètes et l’on rougit de la divinité.

C’était au même instant que la pétition de Magenthies parut, tendant à caractériser comme blasphème et à punir de mort des paroles souvent entendues dans la bouche du peuple. Ah ! ce ne sont point là des blasphèmes, un blasphème est l’idée de faire marcher devant Dieu les faisceaux de Sylla, un blasphème, c’est d’épouvanter les membres par des listes de proscription et d’en accuser l’innocence.