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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/501

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naturel, imprescriptible, inaliénable et ne vois d’usurpateur que parmi ceux qui tendraient à opprimer ce droit.

Avez-vous vu des orateurs sous le sceptre des rois ? Non. Le silence règne autour des trônes, ce n’est que chez les peuples libres qu’on a souffert le droit de persuader ses semblables. N’est-ce point une arène ouverte à tous les citoyens. Que tout le monde se dispute la gloire de se perfectionner dans l’art de bien dire et vous verrez rouler un torrent de lumières qui sera le garant de notre liberté, pourvu que l’orgueil soit banni de notre République.

Immolez ceux qui sont les plus éloquents et bientôt on arrivera à celui qui les enviait et qui l’était le plus après eux. Un censeur royal se serait contenté de dire : Vous avez écrit contre la cour et contre monseigneur l’archevêque. Mais qu’avons-nous donc fait de notre raison ? On dit aujourd’hui à un membre du souverain Vous n’avez pas le droit d’être persuasif.

Le membre qui a parlé longtemps hier à cette tribune ne paraît point avoir assez nettement distingué ceux qu’il inculpait. Il n’a point à se plaindre et ne s’est pas plaint non plus des comités, car les comités me semblent toujours dignes de votre estime et les malheurs dont j’ai tracé l’histoire sont nés de l’isolement et de l’autorité extrême de quelques membres restés seuls.

Il devait arriver que le gouvernement s’altérerait en se dépouillant de ses membres. Couthon est sans cesse absent, Prieur de la Marne est absent depuis huit mois, Saint-André est au Port la Montagne, Lindet est enseveli dans ses bureaux, Prieur de la Côte-d’Or dans les siens, moi j’étais à l’armée, et le reste, qui exerçait l’autorité de tous, me paraît avoir essayé de profiter de leur absence.

Je regarderais comme un principe salutaire et conservateur de la liberté publique, que le tapis du Comité fût environné de tous ses membres. Vous aviez confié le gouvernement à 12 personnes, il s’est trouvé en effet, le dernier mois, entre les mains de 2 ou 3. Avec cette imprudence, on s’expose à inspirer aux hommes le goût de l’indépendance et de l’autorité.