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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/503

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Il me reste à vous convaincre que je n’ai pu prendre d’autre parti que celui de vous dire la vérité. Si j’annonçais mon intention dans les comités, on n’avait plus de mesures à garder et tout pouvait entraîner des démarches funestes. Dans ce cas, leur point d’influence acquérait de nouvelles forces : ils rendaient d’autres membres solidaires avec eux, s’ils fussent parvenus à les tromper. J’ai cru éviter des désordres et dispenser les comités d’une querelle difficile, puisque l’on eût tout employé pour brouiller les esprits.

Les membres que j’accuse ont commis peu de fautes dans leurs fonctions, ils n’ont donc point à se justifier par les opérations, si ce n’est celle des 18 000 hommes qu’on a voulu enlever de l’armée de Sambre et Meuse. Je les accuse d’avoir tiré parti de la réputation du Comité, pour l’appliquer à leur ambition. Sylla était un fort bon général, un grand politique, il savait administrer, mais il appliqua ce mérite à sa fortune. J’aime beaucoup qu’on nous assure des victoires, mais je ne veux pas qu’elles deviennent des prétextes de vanité. On annonça la journée de Fleurus, et d’autres, qui n’en ont rien dit, y étaient présents. On a parlé de sièges et d’autres, qui n’en ont rien dit, étaient dans la tranchée. J’affirme que tout le mal est venu de ce que, sans que personne s’en doutât, toute l’autorité était tombée dans quelques mains qui ont voulu la conserver et l’augmenter par la ruine de tout ce qui pouvait réprimer la puissance arbitraire.

Je ne conclus pas contre ceux que j’ai nommés : je désire qu’ils se justifient et que nous devenions plus sages.

Je propose le décret suivant :

La Convention nationale décrète que les institutions qui seront incessamment rédigées présenteront les moyens que le gouvernement, sans rien perdre de son ressort révolutionnaire, ne puisse tendre à l’arbitraire, favoriser l’ambition, et opprimer ou usurper la représentation nationale.