Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/507

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portent sur ceux qui ont le plus de patriotisme et de probité. Malheur à ceux qui vivent dans un temps où la vertu baisse les yeux, la rougeur sur le front, et passe pour le vice auprès du crime adroit ! Malheur à ceux qui vivent dans un temps où l’on persuade par la finesse de l’esprit, et où l’homme ingénu au milieu des factions est trouvé criminel, parce qu’il ne peut comprendre le crime ! Alors toute délibération cesse, parce que, dans son résultat, on ne trouve plus, et celui qui avait raison, et celui qui était dans l’erreur ; mais celui qui était le plus insolent et celui qui était le plus timide. Toute délibération cessant sur l’intérêt public, les volontés sont substituées au droit : voilà la tyrannie.

Je n’aime point les mots nouveaux ; je ne connais que le juste et l’injuste ; ces mots sont entendus par toutes les consciences. Il faut ramener toutes les défini¬tions à la conscience : l’esprit est un sophiste qui conduit les vertus à l’échafaud.

Il est des imputations faites par l’esprit hypocrite, auxquelles l’homme sincère et innocent ne peut répondre. Il est tels hommes traités de dictateurs et d’ambitieux, qui dévorent en silence les outrages. Quel est le puissant, de celui qui traite impunément un homme de dictateur, ou de celui qui est traité ainsi ?…

Il faut substituer, par les institutions, la force et la justice inflexible des lois à l’influence personnelle. Alors la révolution est affermie ; il n’y a plus de jalousies, ni de factions ; il n’y a plus de prétentions, ni de calomnies.

Les institutions ont pour objet d’établir de fait toutes les garanties sociales et individuelles, pour éviter les dissensions et les violences ; de substituer l’ascendant des mœurs à l’ascendant des hommes.

DEUXIÈME FRAGMENT

DE LA SOCIÉTÉ

La Société n’est point l’ouvrage de l’homme, elle n’a rien de commun avec l’institution des peuples. Cette ins-