Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/516

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Il y a deux sortes de fédéralisme : le fédéralisme politique, qui consiste dans le gouvernement ; le fédéralisme civil, qui naît des rapports entre les citoyens.

Il y a un fédéralisme de droit : ce serait celui où la forme avouée du gouverne¬ment l’aurait établi. Il y a un fédéralisme de fait, dans le cas où, quoique le gouvernement fût un, chaque ville, chaque commune s’isole¬raient d’intérêt.

C’est ce qui arrive en ce moment ; chacun retient ses denrées dans son territoire, toutes les productions se consomment sur le sol.

Le but d’un gouvernement opposé au fédéralisme n’est pas que l’unité soit au profit du gouvernement, mais au profit du peuple : il faut donc empêcher que personne s’isole de fait…

La patrie n’est point le sol, elle est la communauté des affections, qui fait que, chacun combattant pour le salut ou la liberté de ce qui lui est cher, la patrie se trouve défendue. Si chacun sort de sa chaumière son fusil à la main, la patrie est bientôt sauvée. Chacun combat pour ce qu’il aime : voilà ce qui s’appelle parler de bonne foi. Combattre pour tous n’est que la conséquence.

Là où l’on censure les ridicules, on est corrompu. Là où l’on censure les vices, on est vertueux. Le premier tient de la monarchie ; l’autre de la république… Celui qui plaisante à la tête du gouvernement tend à la tyrannie…

Le bien même est souvent un moyen d’intrigue. Soyons ingrats, si nous voulons sauver la patrie.

La grossièreté est une sorte de résistance à l’oppression. La douceur est compagne de la fierté de l’homme libre.

Le stoïcisme, qui est la vertu de l’esprit et de l’âme, peut seul empêcher la corruption d’une république marchande, ou qui manque de mœurs.

Le jour où je me serai convaincu qu’il est impossible de donner au peuple français des mœurs douces, énergiques, sensibles, et inexorables pour la tyrannie et l’injustice, je me poignarderai.