Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/520

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Ce n’est guère que par les moyens et l’argent que fournira l’étranger qu’on pourra troubler notre repos dans la république. Les États ne sont guère agités que par les gouvernements voisins. Il faudrait, pour être heureux, s’isoler le plus possible.

5. Révolution

La Révolution est glacée ; tous les principes sont affaiblis ; il ne reste que des bonnets rouges portés par l’intrigue.

L’exercice de la terreur a blasé le crime, comme les liqueurs fortes blasent le palais.

Sans doute, il n’est pas encore temps de faire le bien. Le bien particulier que l’on fait est un palliatif. Il faut attendre un mal général assez grand pour que l’opinion générale éprouve le besoin de mesures propres à faire le bien. Ce qui produit le bien général est toujours terrible, ou paraît bizarre lorsqu’on commence trop tôt.

La Révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur et de la liberté publique par les lois. Ses élancements n’ont point d’autre objet, et doivent renverser tout ce qui s’y oppose ; et chaque période, chaque victoire sur le monarchisme doit amener et consacrer une institution républicaine.

On parle de la hauteur de la Révolution : qui la fixera, cette hauteur ? Elle est mobile. Il fut des peuples libres qui tombèrent de plus haut.

QUATRIÈME FRAGMENT

QUESTION DU BIEN GÉNÉRAL.

MONNAIES. ÉCONOMIE

Comme tout le monde délibère sans cesse, dans un État libre, et sur les personnes et sur les choses, et que l’opinion publique y est frappée de beaucoup de vicissitudes et remuée par les caprices et les passions diverses, les législateurs doivent faire en sorte que la question du bien général soit toujours clairement posée, afin que tout le monde délibérant pense, agisse et parle dans le sens et dans le cercle de l’ordre établi.