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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/521

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La question du bien général doit être posée sous tous .es rapports, afin que tout agisse et réagisse avec harmonie.

C’est vraiment alors que la république est une et indivisible, et que le souverain se compose de tous les cœurs portés à la vertu.

Aussitôt que la question du bien général cesse d’être posée, on n’a plus de mesure pour juger sainement la situation politique de l’État. Chacun prend le parti qui lui convient pour arriver à la fortune et s’assouvir lui-¬même. L’hypo¬crisie devient impénétrable, parce qu’on peut difficilement la mettre en contradiction avec l’intérêt public, dont on ne connaît pas bien précisé¬ment la mesure.

Alors, la jalousie s’éveille contre ceux qui gouvernent ; alors l’opinion, qui s’attache aux réputations, n’est point appliquée au bien général ; alors on voit sur le front des pervers, occupés à ourdir l’esclavage ; des rides sombres et crimi¬nelles ; alors, tout étant mû par l’intérêt personnel, qui ne connaît plus de limites, l’autorité s’échappe des mains légitimes par les considérations individuelles.

Alors, enfin, l’influence étrangère forme des traîtres, ou fait mourir les Gracques, fait honorer le crime et fait proscrire la vertu.

L’État est-il victorieux ? chacun accroît son importance personnelle : la liberté n’est déjà plus ; la jalousie et l’esclavage sont dans tous les cœurs, et la dissimulation sur toutes les lèvres.

C’est donc à vous, législateurs, de poser sans cesse la question du bien public, d’en rapprocher tout, d’y soumettre tout ce qui se dit et se fait. Par là, vous conserverez votre influence ; par là, vous jugerez les passions qui vous sont contraires ; par là, vous substituerez dans l’État le génie commun de la patrie à la jalousie et aux cris des factions.

La question du bien général aujourd’hui peut être ainsi posée

Il faut que tout le monde travaille et se respecte.

Si tout le monde travaille, l’abondance reprendra son cours ; il faudra moins de monnaie ; il n’y aura plus de vices publics. - Si tout le monde se respecte, il n’y aura plus