Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toit toujours pour augmenter le plaisir du souper qu’elle avoit tout fait. Cette femme me paroissoit singulière ; le fermier avoit les mêmes attentions & les mêmes recherches sur les plaisirs de la table. Le repas étoit simple & excellent ; les convives étoient sobres & sensuels ; l’égalité régnoit dans cette maison ; les domestiques étoient familiers avec les maîtres ; ils ne leur montroient pas du respect, mais beaucoup de zele & d’amour.

Lorsqu’on eut un peu calmé la faim, on se parla : le fermier me fit des questions sur le païsage des lieux que j’avois traversés ; il me vanta celui des environs de sa métairie & me pressa de rester le lendemain pour le voir. Sa femme & lui s’occupoient de moi, sans oublier leurs domestiques ; ils louoient les uns de leur gaieté dans le travail, les autres d’un service qu’ils avoient rendu ; ils leur parloient de la beauté du jour, du chant du rossignol, des fleurs, des espérances de la moisson, de leurs amours : les domestiques se parloient entr’eux de ces plaisirs charmans, & tous paroissoient les sentir.

C’étoit sur-tout du vieux pere qu’on étoit occupé : je n’avois jamais vu de vieillard plus affable,