Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/311

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en nous les sentiments tendres & honnêtes, & à en jouïr, ainsi que des sensations agréables.

Il me semble que c’est-là faire un bon usage de la Philosophie : elle a dégénéré de nos jours en fausse subtilité ; elle a trop souvent fait la satyre de l’homme qu’il falloit consoler ; elle s’est plus appliquée à le dégrader qu’à le conduire ; elle auroit dû nous montrer les biens qui sont à la portée des différents états de la vie & les devoirs de ces différents états. C’étoit-là le projet de mon père, & il l’eût exécuté s’il eût vécu. Il trouvoit aussi qu’on avoit trop appris à l’homme à oublier ses sens & à négliger les plaisirs simples & faciles qu’ils peuvent donner à tous les moments & à tous les âges de la vie. Nous nous conduisons d’après les leçons de mon père, & nous élevons nos enfants dans ces principes : en attendant ils jouïssent de leur enfance, & nous de leurs plaisirs.

J’avois voulu plusieurs fois interrompre Sara, pour me faire connoître ; mais elle avoit parlé avec tant de rapidité qu’il ne m’avoit pas été possible de lui adresser la parole. Dès qu’elle eut fini son discours, je me jettai à ses pieds : O Sara Th.... ! Dès que j’eus prononcé son nom, elle