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Page:Saint-Pol-Roux - La Dame à la faulx, 1899.djvu/16

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métaphysique descende en la physique et s’y assujettisse : il s’offre là un problème que seul un thaumaturge de théâtre peut résoudre au bénéfice du public.

Il n’existe pas que les êtres catalogués par la foule, il en est d’autres’, innombrables, dans les prétendus interstices et marges du règne sensible, légion à la découverte de laquelle il nous faut des « yeux qui savent voir ». A celui possédant une telle intuition, c’est-à-dire au poète, d’enseigner ses trouvailles au public inhabile et de les lui faire sentir au moyen d’allégories ou de symboles, comme on fait lire les aveugles au moyen de cunéiformités.

La Vie est un agrégat de vies, famille compacte et une en sa mosaïcité, et c’est dans ce que l’on suppose le « vide » que se tiennent les assises de la Destinée, cette infiniment petite Infiniment Grande. Lié à l’univers par un cordon qui n’est jamais tranché, l’être a des attaches éternelles dont, à son « heure dramatique », il devient le centre, — heure exceptionnelle au cours de laquelle il emprunte la face de Dieu. Collectivité qui s’ignore ou se sait selon que poète ou non, l’homme, ce plusieurs, n’est jamais seul ; ses monologues même signifient qu’il en appelle aux êtres invisibles, là pourtant, blottis autour ou dans lui, personnage unique et comme homocentrique, ou bien ils sont le verbe



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