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GEORGES BIZET
Certain jour, au concert du Châtelet, en écoutant le ravissant Scherzo
de Georges Bizet, en assistant à son triomphe, en voyant la salle
enfiévrée d’enthousiasme, le public acclamant l’œuvre et l’auteur,
criant bis à perdre haleine, je me reportais à vingt ans en arrière,
je me retrouvais aux débuts de ce même Scherzo, mal exécuté, mal
écouté, tombant sous l’inattention et l’indifférence générale, et ne se
relevant pas le lendemain ; car l’insuccès, alors, pour nous autres
jeunes Français, c’était la mort ! Le succès lui-même n’assurait pas
toujours une seconde audition dans ces concerts dont le chef me disait :
« Faites des chefs-d’œuvre, comme Beethoven, et je les jouerai ! »