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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/141

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On imagine sans peine quel résultat devait produire ce système, au point de vue de l’encouragement et de la production.

Quelques années plus tard, les circonstances étaient autres, et l’accès des concerts ne nous était plus fermé. En revanche, la crise théâtrale commençait, cette crise qui dure encore, bien que la situation semble s’améliorer.

— Puisqu’on ne veut pas de nous au théâtre, disais-je souvent a Georges Bizet, réfugions-nous au concert !

— Tu en parles à ton aise, me répondait-il, je ne suis pas fait pour la symphonie ; il me faut le théâtre, je ne puis rien sans lui.

Il se trompait évidemment ; un musicien de cette valeur est partout à sa place. Il subissait l’influence de l’éducation reçue dans les classes de composition du Conservatoire, visant uniquement le concours du prix de Rome, qui est un prix de musique dramatique. Car, soit dit en passant, et si étrange que cela puisse paraître, il n’y a pas de prix au Conservatoire, et il n’y a pas de concours pour les élèves des classes de composition, sauf des prix de contrepoint et de fugue, et le Grand Prix de l’Institut est le seul moyen qu’aient les élèves de couronner leurs études.

On se demande, maintenant que le temps, ce grand justicier, a mis autour du nom de Georges Bizet le rayonnement d’une apothéose, pourquoi ce musicien charmant, cet aimable et joyeux garçon