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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/152

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des ensembles de palais et de vastes espaces, où le visiteur novice s’égare facilement. Chaque collège a là jouissance d’un parc où les étudiants prennent librement leurs ébats, sans parler de la rivière (the Cam d’où Cam-brîdge, pont sur la Cam) où les rameurs s’entraînent, comme on sait. Cette vie au grand air, dont les exercices du corps prennent une bonne partie, est bien différente de celle de nos étudiants, et les ombrages d’Oxford et de Cambridge n’ont aucun rapport avec le Quartier Latin, malgré l’agrément qu’y met le jardin du Luxembourg, délices de mon enfance. Malheureusement cette éducation coûte cher et n’est pas à la portée de tout le monde. Chaque collège est pourvu d’une chapelle — s’il est permis de donner ce nom à ce qui pourrait ailleurs passer pour une cathédrale — et là, chaque jour, les élèves assistent à l’office et chantent, revêtus d’un surplis. Ce n’est pas un des côtés les moins curieux de ces Universités que leur caractère religieux, dont nos étudiants s’accommoderaient malaisément. Mais cette religion anglaise est si peu gênante ! Les offices, très courts, consistent surtout à entendre de bonne musique fort bien chantée, les Anglais étant d’admirables choristes. J’ai entendu là des chœurs de Barnby, d’un beau sentiment, écrits d’une plume impeccable qui n’est pas sans parenté avec celle de Gounod, un psaume de Mendelssohn. L’église anglicane est un lieu sérieux, artistique, nullement redoutable comme notre Église catholique,