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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/197

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sait comment s’exécutait sa musique et ne pourrait dire au juste ce qu’elle signifie ; aucune indication de mouvement ou d’expression ne guide les chanteurs et toute tradition est depuis longtemps perdue ; ses œuvres, du plus haut intérêt, admirables sujet d’étude, sont des fossiles, que l’on restaure comme on peut pour leur donner une apparence de vie. Il a été de mode pendant longtemps de chanter la musique de Palestrina et de son école le plus lentement et le plus piano possible ; et comme un chœur suffisamment nombreux et bien exercé, soutenant ainsi des sons murmurants sur des accords harmonieux, est une chose des plus agréables à entendre, le bon public se pâmait : « Palestrina ! quel génie ! » Oui, mais si Palestrina s’était trouvé là, il eût peut-être demandé naïvement de qui était ce joli morceau qu’on exécutait. Depuis, réfléchissant combien il est peu vraisemblable qu’on ait, pendant tout le seizième siècle, retenu sa respiration, on met des nuances dans cette musique, on varie les mouvements ; Richard Wagner a ainsi restauré le Stabat mater de Palestrina, avec toute l’intelligence qu’on peut supposer. Mais c’est de la pure fantaisie.

Sébastien Bach est plus près de nous : on s’y retrouve mieux, c’est une civilisation qui touche à la nôtre. Sur les cent cinquante cantates d’église qu’il a écrites, combien en exécute-t-on, même en Allemagne ? Beaucoup sont devenues matériellement inexécutables, du moins sans adaptation, l’auteur