Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/198

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y ayant employé des instrument qui n’existent plus ; les voix y sont admirablement traitées, mais d’une façon qui s’éloigne étrangement de nos habitudes modernes ; il est telle de ses cantates dont l’exécution offrirait des énigmes presque impossibles à résoudre, et l’on ne comprend guère comment elles ont pu être résolues dans un temps où les instruments, mal construits, ne pouvaient avoir ni la justesse, ni l’égalité des sons, sans lesquelles cette musique hérissée de difficultés ne semblerait pas devoir être supportable. Une faible partie de l’œuvre de Sébastien Bach, ce colosse de la musique, est accessible au public ; le reste ne subsiste que pour la lecture.

Et pourtant ce ne sont pas là des œuvres de théâtre !

Tout ce qu’on peut dire, c’est que la restauration des œuvres de Palestrina et de Sébastien Bach n’offre pas les mêmes difficultés que les opéras de la même époque, encore que ces difficultés semblent parfois insurmontables.

Venons maintenant à ce reproche spécieux, fait au drame lyrique, d’être un défi à la raison, qui pourrait bien aller jusqu’à admettre le vers, mais se refuserait à pousser la complaisance jusqu’à pactiser avec le chant. On pourrait répondre par la question préalable : aucun art ne peut tenir devant les exigences de la raison pure, pas plus les vers que le chant, pas plus le chant que la peinture qui représente le mouvement par l’immobilité. La réfutation, prise ainsi, serait