Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/210

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« Mais, c’est du Bach ! » et refusa d’en entendre davantage.

Si cet accueil m’eût été spécialement réservé, je n’en parlerais pas ; mais c’était pour moi comme pour tout le monde. Une symphonie de Gounod, une de Gouvy (toutes deux charmantes, et qu’on a grand tort de laisser oublier), l’ouverture des Francs-Juges de Berlioz, l’ouverture de la Muette, voilà à peu près toutes les concessions qu’il a fuites à l’École française pendant de longues années.

On imaginera sans doute qu’il eût été possible de créer, à côté des Concerts populaires, d’autres concerts chargés d’exploiter le répertoire que Pasdeloup laissait en souffrance ; mais on était alors en plein Empire, et sous ce régime de liberté auquel certaines gens voudraient nous ramener pour nous arracher à la tyrannie républicaine, on ne pouvait rien faire sans autorisation. Des tentatives eurent lieu, qui se heurtèrent à un refus formel. On ne voulait pas, disait-on, susciter une concurrence aux Concerts populaires, qui étaient « une institution ». Un nommé Malibran, neveu, je crois, de l’illustre cantatrice, était cependant parvenu a obtenir cette autorisation difficile ; il avait réuni des fonds, formé un orchestre, donné un premier concert qui avait eu beaucoup de succès. L’autorisation fut immédiatement retirée ; le pauvre artiste, ruiné, mourut de chagrin.

Plus tard, après 1870, Pasdeloup dut changer de système. Il écrivit une lettre aux journaux dans laquelle