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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/212

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dans une salle moins vaste, eussent choqué tout le monde.

Laissons le passé, et occupons-nous du présent. Nous vivons maintenant dans l’abondance des beaux concerts, et l’on est fort souvent embarrassé le dimanche pour savoir où aller, parce qu’on voudrait être partout à la fois. Une seule chose m’afflige quand je regarde les affiches : c’est que la symphonie tend à disparaître, menacée par l’envahissement de la musique écrite en vue du théâtre, laquelle prend indûment sa place.

Il est en art une vérité qu’on ne devrait jamais oublier, c’est que rien de ce qui n’est pas approprié prié à sa destination ne saurait être réellement bon. Choque œuvre doit être vue dans son cadre.

Dans la pratique, cette vérité, comme beaucoup d’autres, souffre des tempéraments. De tout temps, on a songé à enrichir les programmes de concert avec des fragments empruntés au théâtre, dont il y aurait grand dommage à se priver. Les ouvrages disparus du répertoire, ceux des théâtres étrangers contiennent des pages admirables que l’on n’entendrait jamais, si les concerts n’étaient pas là pour les recueillir ; mais ces infractions légitimes à une règle ne doivent pas devenir, la règle ; on doit, au contraire, garder dans les concerts la première place aux œuvres écrites spécialement pour eux, sous peine de fausser le goût du public et d’amener une décadence fatale. En France, on aime tellement le théâtre qu’on en mot partout. Nos