Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/215

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mais le nombre des morceaux dignes d’admiration est vraiment extraordinaire. Les symphonies de Beethoven elles-mêmes n’ont pu réussir à éclipser la Symphonie en Sol mineur (sur laquelle Deldevez a écrit, dans Curiosités musicales, des lignes si fines et si instructives), la Symphonie en Ut majeur (Jupiter), dont l’adagio seul est une des merveilles de la musique. Les motets avec orchestre sont des chefs-d’œuvre, et leur vraie place est plutôt au concert qu’à l’église, où ils sembleraient aujourd’hui quelque peu mondains, comme toute la musique religieuse de la même époque ; et rien n’est comparable à la collection des concertos pour piano. Il y en a une trentaine, dont les deux tiers sont de premier ordre ; la variété des combinaisons, la richesse des effets, en font une création à part. On sait qu’il est de mode, chez les amateurs dits « avancés », de mépriser les concertos et, en général, tout ce qui touche à la virtuosité ; si bien qu’un riche répertoire, comprenant des œuvres de Sébastien Bach, Beethoven, Mozart, Mendelssohn, Schumann, et des meilleurs, est mis à l’index. On croit montrer ainsi une réelle délicatesse de goût : on ne montre, en réalité, qu’une profonde ignorance de l’histoire et de la nature de l’art, soit dit en passant et sans intention de froisser personne.

Beethoven n’a pas écrit que ses Neuf Symphonies. On a de lui des chœurs détachés avec orchestre, et son oratorio, le Christ au mont des Oliviers, qui n’est pas de sa grande man