Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/217

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notre public, si celui-ci était admis a le mieux connaître.

De Berlioz, on entend la Damnation de Faust et la Symphonie fantastique, quelquefois Roméo et Juliette ; on joue encore l’ouverture du Carnaval romain, plus rarement celle de Benvenuto Cellini, qui l’égale, si elle ne la surpasse. Mais l’Enfance du Christ, la symphonie Harold, les ouvertures et les chœurs détachés, tout cela aurait besoin d’exécutions réitérées pour entrer dans la mémoire et être goûté comme il convient. Nous avons des concerts dont chaque programme porte le nom de Richard Wagner, et nous n’en avons pas qui fassent le même honneur à Berlioz.

Enfin, il est souverainement injuste de ne pas exécuter les Poèmes symphoniques de Liszt, ses symphonies Faust et Dante. Musique de pianiste ! a-t-on dit ; mais Liszt, sur le piano, n’était pas du tout un « pianiste ». A qui ne l’a pas entendu dans son éclat, il est presque impossible d’en donner une idée ; Rubinstein seul pouvait le rappeler par sa puissance surhumaine, son grand sentiment artistique, son action énorme sur l’auditoire ; mais de telles natures ne sauraient être semblables, et Liszt était tout autre chose. Rubinstein domptait les difficultés comme Hercule terrassait l’hydre de Lerne ; devant Liszt, elles s’évanouissaient : le piano était pour lui une des formes de l’éloquence.

On l’a accusé de choses absurdes, d’avoir cherché à