Aller au contenu

Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mettre en musique des systèmes philosophiques. Cela est complètement faux ; Liszt n’a jamais traduit musicalement que des idées poétiques, et si l’on veut condamner toute musique autre que la « musique pure », alors ce n’est pas seulement la sienne qu’il faudra rejeter, mais aussi la Symphonie pastorale, les symphonies et les ouvertures caractéristiques de Mendelssohn, tout Berlioz et tout Wagner. On a prétendu que ses œuvres étaient incompréhensibles ; cependant les Préludes, le Tasse ont été essayés à Paris avec un succès complet, alors que tant de pages de Berlioz, Schumann, Wagner, Mendelssohn même, n’ont pas été comprises du premier coup. Liszt a créé, avec ses Poèmes symphoniques, un genre nouveau : c’en est assez pour qu’il ait droit à une grande place dans les concerts symphoniques. En l’en exilant, comme on le fait, on ne commet pas seulement une injustice ; on supprime, au détriment du public, une page essentielle de l’histoire de l’art.

Sera-t-il permis de faire remarquer qu’avec tout l’œuvre de Berlioz, les oratorios et les pièces symphoniques de Gounod et de M. Massenet, les œuvres de Bizet, de Léo Delibes, de Lalo, de Godard, de Mmes de Grandval et Holmès, d’autres encore que je pourrais nommer, celles, si captivantes, des orientalistes, Félicien David avec son Désert magique et M. Reyer avec son délicieux Sélam les œuvres éclos sous l’inspiration du