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« Chaque grand artiste, dit Hugo, refrappe l’art à son image. » Et c’est tout. Cela n’efface pas le passé et ne ferme pas l’avenir.

La Passion selon saint Matthieu, Don Juan, Alceste, Fidelio n’ont rien perdu de leur valeur depuis la naissance de Tristan et l’Anneau du Nibelung. Il n’y a que quatre instruments à vent dans la Passion, il n’y en a pas vingt dans Don Juan et Fidelio, il y en a trente dans Tristan, il y en a quarante dans l’Anneau du Nibelung. Rien n’y fait. Cela est si vrai que Wagner lui-même, dans les Maîtres-Chanteurs a pu, sans déchoir, en revenir presque à l’orchestre de Beethoven et de Mozart.


III

Tâchons d’examiner les questions de sang-froid.

On nous donne comme nouvelle, ou plutôt comme renouvelée des Grecs, ainsi que le noble Jeu de l’Oie, cette idée de l’union parfaite du drame, de la musique, de la mimique et des ressources décoratives du théâtre. Mille pardons, mais cette idée a toujours été la base de l’Opéra, depuis qu’il existe ; on s’y prenait mal, c’est possible, mais l’intention y était. On ne s’y prenait même pas toujours aussi mal que certains veulent bien le dire ;