se glissant dans la trame du style théâtral, en accapare l’intérêt nu détriment des voix et de l’action dramatique. Envahi traîtreusement ainsi par le concert, le théâtre se venge à son tour en profitant de son avatar symphonique pour revenir au concert et en chasser la symphonie proprement dite et l’oratorio. Il n’y a plus ainsi, à proprement parler, ni concert ni théâtre, mais un genre hybride et universel, un compromis ne laissant rien à sa vraie place. Ce n’est pas le progrès qu’il était permis d’espérer quand, il y a quelque cinquante ans, le monde musical est entré on fermentation ; c’est une crise, un chaos d’où sortira probablement, dans l’avenir, un ordre nouveau.
Il serait pourtant bien facile de fermer la porte du concert à la musique de théâtre, maintenant que d’autres formes lui sont nées, et qu’il n’est plus condamné a tourner dans le cercle éternel de la symphonie, de l’ouverture et du concerto. Berlioz et Liszt, chacun d’une façon différente, ont ouvert des voies nouvelles, et si l’on a trop hésité a les suivre, si l’on s’est attardé à des bagatelles, a des airs de ballet plus ou moins déguisés, — phénomène d’atavisme démontrant l’origine de la musique instrumentale, laquelle fut la danse, comme l’a si justement remarqué Richard Wagner — de brillantes exceptions se sont produites, et avec le temps, tout un répertoire s’est formé d’œuvres curieuses, intéressantes, destinées à prendre, tôt ou tard, la place qui leur est due. L’oratorio profane