Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/243

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ont délaissé le violon et la basse pour le sempiternel piano : de ceci et de cela est venue la décadence de cette source de plaisirs délicats auxquels on préfère maintenant les émotions violentes et les secousses nerveuses, préférence prise à tort pour un progrès. Heureusement, il est permis d’espérer qu’une renaissance se prépare et que le goût des instruments à cordes se réveillant dans le public, on reviendra au quatuor, base de la musique instrumentale.

L’Occident se gausse volontiers de l’immobilité orientale ; l’Orient pourrait bien lui rendre la pareille et se moquer de son instabilité, de l’impossibilité où il est de conserver quelque temps une forme, un style de sa manie, de chercher le nouveau à tout prix, sans but et sans raison.

L’Opéra avait trouvé, à la fin du siècle dernier, une forme charmante, illustrée par Mozart, qui se prêtait à tout, et qu’il eût été sage de conserver le plus longtemps possible. Elle comprenait : le Recitativo secco, plutôt parlé que chanté, destiné à « déblayer » les situations, accompagné par le clavecin ou le piano soutenu d’un violoncelle et d’une contrebasse, ou seulement par ces deux instruments à cordes, le violoncelle remplissant l’