Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/255

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Si le Public écoutait les paroles, pourrait-il subir des horreurs comme les traductions de Rigoletto et de la Traviata, où le mot et la note sont en perpétuelle contradiction ? il fait mieux que de les subir, il s’en délecte, il s’en pourlèche. A chaque pas, dans ces traductions comme dans beaucoup d’autres, hélas ! on se heurte à de hideux contresens, dont la barbarie égale l’inutilité.

Des notes qui n’avaient d’autre raison d’être qu’une syllabe disparue, ou un accent spécial à la langue étrangère et impossible à transporter dans la nôtre, sont conservées au mépris du sens commun ; les accents forts viennent se placer sur les faibles, et vice versa. On a remarqué, à l’Opéra, le Don Juan… an, que chante le Commandeur à son entrée du dernier acte : cette abomination était inutile ; pour l’éviter, il n’y avait qu’à supprimer un note, à tort respectée : un tel respect est la plus sanglante des injures. Là, comme ailleurs, si l’esprit vivifie, la lettre tue.

Cette question, au fond, est tout à fait distincte de celle de la rénovation du Drame Lyrique, de sa libération des formes surannées, à laquelle on s’efforce