Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moins monotone ; elle est même peut-être encore un peu plus ennuyeuse……

Ce n’est pas tout. Après les opéras où l’on ne doit pas chanter, voici qu’on nous promet les ballets où il sera défendu de danser ; et ce bel art de la danse, qu’aimait Théophile Gautier, cet art si intéressant et si parfaitement moderne disparaîtrait à son tour !

Le Ballet traverse actuellement une phase assez malheureuse. Naguère il régnait en maître, s’épanouissait durant des soirées entières dans de vastes ouvrages où la pantomime tenait une grande place. Le Public, capricieux, s’en est lassé ; il n’a plus voulu d’action que tout juste ce qu’il en fallait pour servir de prétexte à la danse et le Ballet a perdu beaucoup de son intérêt. Où sont les beaux jours de Giselle et du Corsaire ? Ce furent des modèles du genre ; c’est leur tradition qu’il faudrait reprendre en l’accordant au goût du jour, si l’on veut régénérer le Ballet, au lieu de chercher le salut dans une brutale suppression de l’art de la danse que l’on demande, qui le croirait, au nom des Grecs ? — Sait-on comment dansaient les Grecs ? est-on bien sûr, quand ils faisaient danser des Satyres affublés d’ornements impossibles à d’écrire, que la danse exécutée en pareil cas fût essentiellement noble ? Il existe, au Musée de Toulouse, une coupe de terre cuite, autour de laquelle s’enroule une ronde de Faunes et de Bacchantes ; leur danse n’est rien moins que noble, elle rappelle de très près les déhanchements