Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/29

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d’éblouir les gens qui gâte souvent tant de bonnes choses.

On sera sans doute étonné d’apprendre d’où était venue, à l’origine, la réputation de méchanceté de Berlioz. On l’a poursuivi, dans un certain monde, d’une haine implacable, à cause d’un article sur Hérold, non signé, dont la paternité lui avait été attribuée.

Or, voici comment se terminait le feuilleton du Journal des Débats, le 15 mars 1869, au lendemain de la mort de Berlioz :

«…..Il faut pourtant que je vous dise….. que c’est à tort si certains critiques ont reproché à Berlioz d’avoir mal parlé d’Hérold et du Pré aux Clercs. Ce n’est pas Berlioz, c’est un autre, un jeune homme ignorant et qui ne doutait de rien en ce temps-là, qui, dans un feuilleton misérable, a maltraité le chef-d’œuvre d’Hérold. Il s’en repentira toute sa vie. Or cet ignorant s’appelait (j’en ai honte !), il faut bien en convenir….. monsieur

Jules JANIN. »

Ainsi, Janin, qui vivait pour ainsi dire côte à côte avec Berlioz, car ils écrivaient chaque semaine dans le même journal, a attendu qu’il fût mort pour le disculper d’un méfait qui a pesé sur toute sa vie, et dont lui, Janin, était l’auteur ! Que dites-vous du procédé ? N’est-ce-pas charmant, et Janin ne méritait-il pas sa réputation d’excellent homme ?