Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/40

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dans ses œuvres originales pour le piano que ce grand artiste et ce grand pianiste a mis son génie. Schumann, Chopin le battent aisément sur ce terrain. Les Méditations religieuses, les Années de Pèlerinage contiennent cependant de bien belles ou exquises pages ; mais parfois l’aile se brise à on ne sait quel plafond invisible, l’auteur paraît se consumer en efforts pour atteindre un idéal inaccessible ; de là un malaise qu’on ne saurait définir, une angoisse pénible amenant une insurmontable fatigue. Il faut tirer hors de pair Scherzo et Marche, éblouissante et vertigineuse chasse infernale, dont l’exécution est malheureusement très difficile, et le triomphant Concerto en Mi bémol ; mais ici l’orchestre intervient, le piano ne se suffit plus à lui-même. Tel est aussi le cas de Méphisto-Walzer (nº 1), écrite primitivement pour le piano avec l’arrière-pensée de l’orchestre à qui elle devait revenir plus tard.

Comme chez Cramer et Clémenti, c’est surtout dans les Études (auxquelles l’auteur n’attachait peut-être pas autant d’importance qu’à telle ou telle autre de ses œuvres pour piano), qu’on rencontre le musicien supérieur. L’une d’elles, Mazeppa, n’a pas eu de peine à passer du piano à l’orchestre et à devenir un des Poèmes symphoniques.

Avec ces célèbres Poèmes, si diversement jugés, avec les symphonies Dante et Faust nous voici en présence d’un Lizst tout nouveau,