Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/47

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Vu dans son ensemble, l’œuvre de Liszt apparaît immense, mais inégal. Il y a un choix à faire dans les ouvrages qu’il nous a laissés. De combien de grands génies on en peut dire autant, qui n’en sont pas moins de grands génies ! Attila ne diminue pas Corneille, le Concerto en trio ne diminue pas Beethoven, les Variations sur Ah ! vous dirais-je, maman ne diminuent pas Mozart, le ballet de Rienzi ne diminue pas Richard Wagner. S’il y a dans le bagage de Liszt des œuvres inutiles, du moins n’en est-il pas une seule, fût-ce la plus insignifiante, qui ne porte la marque de sa griffe et l’empreinte de sa personnalité. Son principal défaut est de manquer parfois de mesure, de ne pas s’arrêter à temps, de se perdre en des digressions, des longueurs oiseuses et fatigante ; il en avait conscience et allait au-devant de cette critique en indiquant lui-même des coupures dans ses partitions. Ces coupures suppriment souvent des beautés ; il est possible d’en trouver de meilleures que celles indiquées par l’auteur.

La source mélodique coule abondamment dans