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IV

Faust ! point culminant de l’œuvre du compositeur. L’ouvrage est trop connu pour qu’il soit nécessaire d’en parler : des souvenirs sur son apparition et sur sa brillante carrière peuvent seuls offrir quelque intérêt.

Le talent de Gounod s’affirmait de plus en plus. On sentait l’approche d’une bataille ; le parti italien, très puissant, était préparé à entraver par tous les moyens à son usage cette manifestation décisive d’un grand musicien qui lui portait ombrage. Gœthe, Berlioz (dont le Faust très contesté encore jouissait déjà dans un certain public d’une énorme réputation) se dressaient dans l’ombre comme des sphinx redoutables. Dans le camp des amis comme dans le camp opposé, l’anxiété était à son comble.

Le rôle de Marguerite fut écrit pour Mme Ugalde qui faisait alors partie de la troupe du Théâtre-Lyrique. On a dit qu’elle avait préféré jouer la Fée Carabosse, de Victor Massé. Je crois savoir au contraire qu’après avoir répété Faust, elle dut céder bien à regret le rôle de Marguerite à Mme Carvalho pour qui avait été écrit celui de la Fée Carabosse, rentrant dans l’emploi que cette dernière avait tenu jusqu’alors. Dans ses Mémoires, Gounod n’a rien dit de tout cela, et nous ne saurons