Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/63

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seront en général de deux espèces : les uns consisteront à établir les avantages de ce système ; les autres tendront à prouver que, abstraction faite de tous ses avantages, il est, quant à ses dispositions principales, un résultat forcé de la marche que la civilisation a suivie depuis sept à huit siècles ; d’où il résultera la preuve que ce n’est point une utopie.

Cette seconde classe de raisonnements est la plus importante, car il est certain qu’on ne résiste point à la marche de la civilisation ; il suffit donc de constater quel est le système dont elle provoque aujourd’hui l’établissement, pour qu’on doive se déterminer à l’adopter. Mais avant d’entreprendre cet examen qui sera l’objet de la lettre suivante, je crois devoir présenter dans celle-ci quelques considérations préliminaires sur cette disposition, générale parmi nous, à traiter d’utopie tout projet de perfectionnement important de l’ordre social.

Cette disposition est en nous le résultat d’une éducation politique vicieuse, d’une étude mal faite de l’histoire, ou plutôt de l’imperfection des ouvrages sur l’histoire, car l’histoire serait nécessairement bien étudiée si elle était bien faite.

En effet, qui dit utopie dit incertitude de la