Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/74

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moderne, comme l’époque où elle en a reçu un caractère distinct de celle des peuples de l’antiquité.

On conviendra, sans doute, d’après tout ce qui précède, que l’histoire n’a pas été et n’a pu être faite jusque ce jour de manière à nous donner une idée tant soit peu nette et juste de la marche de la civilisation. Or, c’est là, je le répète, ce qui vicie radicalement notre éducation politique, ce qui nous empêche de distinguer, pour ainsi dire, à la première vue, quels perfectionnements sont dans la série naturelle du développement de l’état social et quels n’y sont pas, et de reconnaître, par conséquent, quels sont impraticables, quels praticables, et dans quel ordre ils le sont. Marchant presque les yeux fermes, dans une route que nous ne connaissons pas, nous nous croyons quelquefois voisins de ce qui est très-éloigné, et plus souvent, au contraire, nous croyons fort loin ce qui est tout près.

Je vais donc essayer, mes chers compatriotes, de refaire sommairement avec vous ce travail fondamental, sans lequel nous ne pourrions que nous égarer, et dont nous aurions été, vous et moi, dispenses en très-grande partie si les historiens eussent mieux fait leur métier. C’est