Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/91

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eu à cet égard entre les deux nations qu’une seule différence : chez les Anglais, c’est la féodalité qui s’est liée avec les communes contre l’autorité royale, tandis qu’en France c’est la royauté qui s’est mise à leur tête contre la puissance féodale.

Cette combinaison des communes avec une moitié du pouvoir temporel contre l’autre moitié avait pris naissance dans les deux pays aussitôt après l’affranchissement, et même elle n’avait pas peu contribué à le déterminer. Les effets de cette combinaison s’étaient manifestés depuis, bien avant le xviie siècle, par des résultats non équivoques, qui avaient préparé les événements importants dont ce siècle a été l’époque.

En France, le cardinal de Richelieu travailla directement à renverser la puissance féodale, et après lui Louis XIV termina cette entreprise. Il réduisit la noblesse à la plus entière nullité politique, à l’insignifiance la plus absolue, et il ne lui laissa d’autre rôle à jouer que celui de garde d’honneur de la royauté. Il est essentiel d’observer que Richelieu et Louis XIV encouragèrent puissamment, l’un et l’autre, les beaux-arts, les sciences, et les arts et métiers ; ils cherchèrent à élever l’existence politique des savants, des artistes et des artisans, en même temps qu’ils