Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 6-7.djvu/400

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bonté, la charité, et, par-dessus tout, la loyauté ; ses armes sont la persuasion et la démonstration.

L’esprit de l’inquisition est le despotisme et l’avidité, ses armes sont la violence et la cruauté ; l’esprit de la corporation des jésuites est l’égoïsme, et c’est au moyen de la ruse qu’ils s’efforcent d’atteindre leur but, celui d’exercer une domination générale sur les ecclésiastiques aussi bien que sur les laïques.

La conception de l’inquisition a été radicalement vicieuse et anti-chrétienne ; quand même les inquisiteurs n’eussent fait périr dans leurs autodafé que des personnes coupables de s’être opposées à l’amélioration de l’existence morale et physique de la classe la plus pauvre, dans ce cas-là même (qui aurait conduit tout le sacré collège sur les bûchers), ils auraient agi en hérétiques, car Jésus n’a point admis d’exception quand il a défendu à son Église d’user de violence. Mais l’hérésie des inquisiteurs n’aurait été que vénielle en comparaison de celle qu’ils ont professée dans leurs atroces fonctions.

Les condamnations prononcées par l’inquisition n’ont jamais pour motif que de prétendus délits contre le dogme ou contre le culte, qui n’eussent dû être considérés que comme des