Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 6-7.djvu/404

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Le divin fondateur du Christianisme avait recommandé à ses apôtres de travailler sans relâche à élever les dernières classes de la société et à diminuer l’importance de celles qui se trouvaient investies du droit de commander et de faire la loi.

Jusqu’au quinzième siècle, l’Église avait suivi assez exactement cette direction chrétienne ; presque tous les cardinaux et tous les papes avaient été pris dans la classe des plébéiens, et souvent on les avait vus sortir des familles adonnées aux professions les plus subalternes.

Par cette politique, le clergé avait tendu avec persévérance à diminuer l’importance et la considération de l’aristocratie de naissance, et à lui superposer l’aristocratie des talents.

À la fin du quatorzième siècle, le sacré collège change entièrement d’allure ; il renonce à la direction chrétienne pour adopter une politique toute mondaine : le pouvoir spirituel cesse de lutter avec le pouvoir temporel ; il ne s’identifie plus avec les dernières classes de la société, il ne travaille plus à leur donner de l’importance, il ne s’efforce plus de superposer l’aristocratie des talents à celle de la naissance ; il se fait un plan de conduite dont l’objet est de conserver l’impor-