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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/155

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[1693]
BATAILLE DE NEERWINDEN.

différente de Loo, maison de plaisance du prince d’Orange, qui en est bien loin en Hollande.

Sur ces nouvelles, M. de Luxembourg s’avança avec le maréchal de Villeroy, M. le duc de Chartres, M. le prince de Conti et fort peu d’autres, et quelques troupes pour tâcher de se bien assurer de la vérité de ces rapports. Une heure et demie après il manda au maréchal de Joyeuse, qui étoit resté à la tête de l’armée avec M. le Duc, et qui, pour voir de plus loin, étoit monté dans le moulin à vent de Warem, de marcher à lui avec l’armée, et d’y faire rentrer le détachement destiné à nos lignes. M. le prince de Conti revint qui confirma les nouvelles qu’on avoit eues de la position des ennemis, et se chargea de l’infanterie dont quelques brigades achevoient encore de passer le défilé de Warem. L’armée marcha fort vite, faisant néanmoins de temps en temps quelques haltes pour attendre l’infanterie, et sur les huit heures du soir arriva à trois lieues au delà de Warem, dans une plaine où les troupes furent mises en bataille. Peu de temps après elle se remit en colonne, s’avança un quart de lieue plus près de l’ennemi, et passa ainsi le reste de la nuit en colonne, tandis que l’infanterie et l’artillerie achevèrent d’arriver : c’étoit une chose charmante que la joie des troupes après plus de huit lieues de marche, et leur ardeur d’aller aux ennemis, dans le camp desquels on entendit beaucoup de bruit et de mouvement toute la nuit, ce qui fit craindre qu’ils se retiroient.

Sur les quatre heures du matin leur canon commença à se faire entendre ; nos batteries, disposées un peu trop loin à loin, ne purent être prêtes qu’une heure après, qu’on commença à se canonner vigoureusement ; et alors on reconnut que l’affaire seroit difficile. Les ennemis occupoient toutes les hauteurs, un village à droite et un autre village à gauche, dans lesquels ils s’étoient bien retranchés. Ils avoient fait aussi un long retranchement avec beaucoup de petites redoutes sur la hauteur, d’un village à l’autre jus-