Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/215

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pas peu d’affaires aux autres. M. de Monaco y étoit ardent, sauf ses parties et sa bourse, encore payoit-il bien en rognonnant ; mais c’étoit des farces pour tirer le contingent du duc de Rohan.

Les intendants de MM. de La Trémoille et de La Rochefoucauld, nommés Magneux et Aubry, gens d’honneur, capables, laborieux, et infiniment touchés de cette affaire, en étoient les principaux directeurs, et Riparfonds, avocat célèbre consultant, étoit le chef de nos avocats et de notre conseil, chez qui se tenoient toutes nos assemblées toujours une après-dînée de chaque semaine et quelquefois plus souvent, où M. de La Rochefoucauld ne manquoit jamais quoiqu’il ne couchât presque jamais à Paris, et qui y rendit par son exemple les autres très-assidus et fort ponctuels à l’heure ; les plus ardents et les plus continuellement à tout étoient MM. de La Trémoille, de Chaulnes, La Rochefoucauld et La Force, M. de Monaco autant qu’il étoit en lui, et plus qu’aucuns MM. de Richelieu et de Rohan, mais comme il a été dit, pleins de boutades et de fantaisies.

Je me rendis assidu aux assemblées, je m’instruisis et de l’affaire en soi, et de ce qui se passoit par rapport à elle ; ce que je hasardai de dire dans les assemblées n’y déplut point. Riparfonds et les deux intendants conducteurs me prirent en amitié ; je plus aux ducs. M. de La Rochefoucauld, tout farouche qu’il étoit, et par son nom et le mien peu disposé pour moi, s’apprivoisa tout à fait avec moi ; l’intimité de M. de Chaulnes avec mon père se renouvela avec moi, ainsi que l’amitié qu’il avoit eue avec le bonhomme La Force ; je fis une amitié intime avec M. de La Trémoille, et je n’oserois dire que j’acquis une sorte d’autorité sur M. de Richelieu, qui avoit été aussi fort ami de mon père, et sur le duc de Rohan, qui fut plus d’une fois salutaire et à la cause que nous soutenions et à eux-mêmes. Chacun opinoit là en son rang ; on ne s’interrompoit point, on n’y perdoit pas un instant en compliments ni en nouvelles, et personne ne s’imp-