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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/237

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Pour l’exécution de la déclaration, le roi en parla aux princes du sang qui ne crurent avoir que des remerciements à faire : le roi les pria de se trouver au parlement, et M. le Duc et M. le prince de Conti de lui faire le plaisir de conduire M. du Maine en ses sollicitations. On peut juger s’ils le refusèrent. De là le roi fit appeler l’archevêque de Reims : il lui fit part de ce qu’il avoit résolu ; lui dit qu’il croyoit que les pairs seroient plus convenablement invités par lui-même à cette cérémonie que par M. du Maine ; qu’ainsi M. du Maine n’irait pas chez eux, mais qu’il prioit l’archevêque de se trouver au parlement, et lui ordonnoit d’écrire de sa part une lettre d’invitation à chaque pair. Un fils de M. Le Tellier étoit fait pour tenir tout à honneur venant du roi ; il lui répondit dans cet esprit courtisan, et de là s’en fut chez M. du Maine : ce fut le seul de tous les pairs qui commit cette bassesse, pas un ne dit un mot au roi ni à M. du Maine, pas un né fut chez ce dernier ni devant ni après la cérémonie.

Voici la lettre circulaire de l’archevêque aux pairs :


  « Monsieur,

« Le roi m’a ordonné de vous avertir que M. le duc du Maine sera reçu au parlement le 8 de ce mois de mai, en qualité de comte-pair d’Eu, et qu’il prendra sa place au-dessous de MM. les princes du sang, et au-dessus de MM. les pairs. Sa Majesté vous prie de vous y trouver, et m’a chargé de vous assurer que cela lui fera plaisir et qu’elle vous en saura bon gré.

« Je suis, etc. »


Les présidents à mortier, et les présidents et doyens des conseillers de chaque chambre furent avertis de se trouver chez eux le 5 mai, et à peu près de l’heure, pour recevoir la sollicitation de M. du Maine. Ce jour-là arrivé de Versailles à l’hôtel de Condé, il y monta dans le carrosse de M. le Duc avec M. le prince de Conti, tous deux au derrière