Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/238

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et lui au devant avec M. le comte de Toulouse qui étoit compris dans la même déclaration comme duc de Damville, mais qui ne fut pas reçu en même temps. Ce carrosse étoit fort chargé de pages et environné de laquais à pied. Suivoient les carrosses de M. le Duc et de M. le prince de Conti, de M. du Maine et de M. le comte de Toulouse, dans lesquels étoient les principaux de leur maison, avec force livrée, chacun un seul carrosse, excepté M. le Duc qui, outre celui dans lequel il étoit, en avoit un autre rempli des principaux de chez lui. Ils firent ainsi leurs sollicitations deux jours de suite, et allèrent de même au parlement, le jour de l’enregistrement des lettres patentes de la réception de M. du Maine, mais sans M. le comte de Toulouse. Elle se fit suivant ce qui a été dit plus haut de la déclaration, et, au sortir de la cérémonie, ils furent dîner avec les pairs chez le premier président.

Aucun des pairs n’osa manquer à s’y trouver de ceux qui étoient à Paris. Le bonhomme La Force s’enfuit à sa maison de la Boulaie, proche d’Évreux, et le duc de Rohan écrivit au roi que sa prétention, de la première érection de Rohan, pour son grand-père maternel, l’empêchoit d’obéir, en cette occasion, à ses ordres. L’excuse étoit mal trouvée ; c’étoit pour la première fois qu’il manifestoit cette bizarre prétention ; il n’en a jamais parlé depuis, et il étoit un des plus ardents opposants avec nous à celle de M. de Luxembourg. MM. d’Elbœuf et de Vendôme n’étoient pas reçus, ni moi non plus, Dieu merci. M. de Chevreuse fut celui à qui le roi fit son remerciement pour tous les pairs, de s’être trouvés à la cérémonie pour lesquels il lui fit force belles promesses générales, monnaie dont aucun ne se paya ni n’espéra rien de mieux avec trop de raison.

M. de Vendôme fut tôt après reçu avec les mêmes distinctions que l’avoit été M. du Maine, qui le mena sans cortège faire ses sollicitations à tout le parlement, mais sans avertir. Ils furent chez tous les pairs ; le roi ne leur fit rien dire ;