Le procès avec M. de Luxembourg, renvoyé au parlement, y recommença avec la même vigueur, la même partialité, la même injustice. Comme nous nous vîmes exclus d’en sortir, nous ne songeâmes plus qu’à chercher les moyens d’obtenir l’assemblée de toutes les chambres, selon la forme de pairie, l’usage et le droit en pareils procès. Pour y parvenir, il n’y avoit que deux voies, la procédure ou la négociation. La dernière étoit bien la plus sûre si elle réussissoit ; mais la difficulté étoit la situation où nous nous trouvions avec le premier président qui pouvoit seul assembler les chambres à sa volonté, mais avec qui nous ne gardions plus de mesures. Fort peu de nous le saluoient lorsqu’ils le rencontroient, pas un n’alloit chez lui, quoique nous sollicitassions tous nos autres juges, et tous parloient de lui sans ménagement. Il le sentoit d’autant plus vivement que c’étoit l’homme du monde le plus glorieux, le plus craint, le plus ménagé, et qui n’avoit jamais été mené de la sorte ; et, ce qui le touchoit le plus, c’étoient les plaintes prouvées que nous faisions de sa probité et de son injustice, parce qu’il se piquoit là-dessus de la plus austère vertu, dont nous faisions tomber le masque.
Personne ne se vouloit donc charger d’une négociation aussi difficile avec lui, lorsque M. de Chaulnes, qui s’étoit acquis une grande réputation et une grande considération par les siennes au dehors, voulut bien hasarder celle-ci.