Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son frère, à qui elle en écrivit ; mais il palpita assez pour oser se proposer un rang en considération de ce mariage, sous prétexte de la souveraineté de Neuchâtel donnée à ce bâtard qui en portoit déjà le nom. M. de Luxembourg, qui, en partant, avoit obtenu une grande grâce qui étoit encore secrète et dont je parlerai bientôt, n’osa proposer celle-ci, et en laissa la conduite à l’adresse de sa sœur ; et, pour éviter tout embarras entre le demander et ne le demander point, il ne parla point au roi de ce mariage par aucune de ses lettres. Il avoit déjà transpiré avec l’idée du rang, lorsque Mme de Meckelbourg alla demander au roi la permission d’entendre à ce mariage. Au premier mot qu’elle en dit, le roi l’interrompit et lui dit que M. de Luxembourg ne lui en avoit rien mandé ; qu’il n’empêcheroit point qu’elle ne fit là-dessus ce que son frère et elle jugeroient à propos, mais qu’au moins il comptoit bien qu’ils n’imagineroient pas de lui demander un rang pour le chevalier de Soissons sous aucun prétexte, à qui il n’en accorderoit jamais, et barra ainsi cette belle chimère. Le mariage ne s’en fit pas moins, et il fut célébré au plus petit bruit à l’hôtel de Soissons, dès que M. de Luxembourg fut arrivé. Mme de Nemours logea les mariés et les combla d’argent, de présents et de revenus, en attendant sa succession, et se prit de la plus parfaite affection pour le mari et pour la femme qui se renfermèrent auprès d’elle, et ne virent d’autre monde que le sien.




CHAPITRE XV.


1695. Mort de M. de Luxembourg. — Maréchal de Villeroy capitaine des gardes et général de l’armée de Flandre. — Opposition à la réception au parlement du duc de Montmorency, qui prend