Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/443

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et qu’il me donna enfin sa confiance, dont à mon âge je me sentis fort honoré. Je savois tout ce qui s’étoit passé entre le marquis d’Harcourt et lui, et il m’avoit montré ce cahier qu’il avoit envoyé au roi. Il me pria de conter tous ces détails au duc de Beauvilliers en arrivant, et de l’engager à le servir, ce que j’exécutai tout à fait à la satisfaction du maréchal.




CHAPITRE XXIV.


Noire invention à mon retour. — M. de la Trappe peint de mémoire. — M. de Savoie avec l’armée du roi assiège Valence. — Il lève le siège par la neutralité d’Italie. — Tout accompli avec lui et son ministre mené pour le premier des ministres étrangers à Marly. — La princesse au Pont-Beauvoisin a le rang de duchesse de Bourgogne. — Prétention étrange du comte de Brionne à l’égard de M. de Savoie. — Le roi à Montargis au-devant de la princesse. — Arrivée à Fontainebleau ; présentation. — Retour à Versailles. — Des présentations. — Grâces de la princesse qui charment le roi et Mme de Maintenon. — Mlles de Soissons ont défense de voir la princesse.


En arrivant à Paris, je trouvai la cour à Fontainebleau. Comme j’étois arrivé un peu devant les autres, je ne voulus pas que le roi le sût sans me voir, et me crût de retour en cachette. Je voulois de plus voir M. de Beauvilliers, sur le maréchal de Choiseul. Je me hâtai donc d’aller à Fontainebleau où je fus très bien reçu, et le roi, à son ordinaire de mes retours, me parla avec bonté, en me disant toutefois que j’étois revenu un peu tôt, mais ajoutant qu’il n’y avoit point de mal.

J’avois un voyage en tête à brusquer, dont je parlerai tout à l’heure, qui me pressoit de m’en retourner à Paris après