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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/47

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INTRODUCTION.




savoir s’il est permis d’écrire et de lire l’histoire,
singulièrement celle de son temps


Juillet 1743.


L’histoire a été dans tous les siècles une étude si recommandée, qu’on croiroit perdre son temps d’en recueillir les suffrages, aussi importants par le poids de leurs auteurs que par leur nombre. Dans l’un et dans l’autre on ne prétend compter que les catholiques, et on sera encore assez fort ; il ne s’en trouvera même aucun de quelque autorité dans l’Église qui ait laissé par écrit aucun doute sur ce point. Outre les personnages que leur savoir et leur piété ont rendus célèbres, on compte plusieurs saints qui ont écrit des chroniques et des histoires non seulement saintes, mais entièrement profanes, et dont les ouvrages sont révérés de la postérité, à qui ils ont été fort utiles. On omet par respect les livres historiques de l’Écriture. Mais, si on n’ose mêler en ce genre le Créateur avec ses créatures, on ne peut aussi se dispenser de reconnoître que, dès que le Saint-Esprit n’a pas dédaigné d’être auteur d’histoires dont tout le tissu appartient en gros à ce monde, et seroit appelé profane comme toutes les autres histoires du monde, si elles n’avoient pas le Saint-Esprit pour auteur, c’est un préjugé bien décisif qu’il est permis aux chrétiens d’en écrire et d’en lire. Si on ob-