Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xliv
INTRODUCTION.

jecte que les histoires de ce genre qui ont le Saint-Esprit pour auteur se reportent toutes à des objets plus relevés, et bien que réelles et véritables en effet, ne laissent pas d’être des figures de ce qu’il devoit arriver, et cachent de grandes merveilles sous ces voiles, il ne laissera pas de demeurer véritable qu’il y en a de grands endroits qui ne sont simplement que des histoires, ce qui autorise toutes les autres que les hommes ont faites depuis, et continueront de faire ; mais encore, que dès qu’il a plu à l’Esprit saint de voiler et de figurer les plus grandes choses sous des événements en apparence naturels, historiques, et en effet arrivés, ce même Esprit n’a pas réprouvé l’histoire, puisqu’il lui a plu de s’en servir pour l’instruction de ses créatures et de son Église. Ces propositions, qui ne se peuvent impugner avec de la bonne foi, sont d’une transcendance en faveur de l’histoire à ne souffrir aucune réplique. Mais sans se départir d’un si divin appui, cherchons d’ailleurs ce que la vérité, la raison, la nécessité et l’usage approuvé dans tous les siècles, pourront fournir sur ce prétendu problème.

Que sait-on qu’on n’ait point appris ? Car il ne s’agit pas ici des prophètes et des dons surnaturels, mais de la voie commune que la Providence a marquée à tous les hommes. Le travail est une suite et la peine du péché de notre premier père ; on n’entretient le corps que par le travail du corps, la sueur et les œuvres des mains ; on n’éclaire l’esprit que par un autre genre de travail, qui est l’étude ; et comme il faut des maîtres, pour le moins des exemples sous les yeux, pour apprendre à faire les œuvres des mains dans chaque art ou métier, à plus forte raison en faut-il pour les sciences et les disciplines si diverses, propres à l’esprit, sur lesquelles l’inspection des yeux et des sens n’ont aucune prise.

Si ces leçons d’autrui sont nécessaires à l’esprit pour lui apprendre ce qui est de son ressort, il n’y a point de science où il s’en puisse moins passer que pour l’histoire. Encore