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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/495

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a dû son repos et les supériorités qu’il a eues, qu’à sa réputation et au nombre d’amis illustres qu’elle lui avoit faits, et encore à la politique de la société, qui par une conduite opposée ne vouloit pas donner cette prise sur elle, en donnant force à l’opinion que le P. Gaillard fût plus janséniste en effet que jésuite. Je dis et dirai dans la suite janséniste et jansénisme, si l’occasion se présente de parler de ceux qui sont réputés tels, par les mêmes raisons et avec la même protestation que je viens d’écrire sur les quiétistes. Enfin le P. de La Rue, jésuite de tous points, fut dirigé par ses supérieurs, et passa toujours pour nager entre deux eaux, entre le gros de la société qui appuyoit les quiétistes, et quelques particuliers qui leur étoient effectivement contraires. Cela fit même une espèce de scission entre eux, dont, par politique, ils ne furent pas fâchés, mais qui embarrassa étrangement le P. Valois et le P. de La Chaise, que l’habitude, l’amitié et l’ancienne confiance du roi tirèrent plus d’affaire que son adresse, et l’estime et l’affection que sa douceur, ses bons choix et toute sa conduite lui avoient acquise, et qui avoient fait qu’il n’avoit presque point d’ennemis.

Dans ces circonstances, M. de Meaux publia son Instruction sur les états d’oraison, en deux volumes in-octavo, la présenta au roi, aux principales personnes de la cour, et à ses amis. C’étoit un ouvrage en partie dogmatique, en partie historique, de tout ce qui s’étoit passé depuis la naissance de l’affaire jusqu’alors entre lui, M. de Paris et M. de Chartres, d’une part ; M. de Cambrai et Mme Guyon, de l’autre. Cet historique très-curieux, et où M. de Meaux laissa voir et entendre tout ce qu’il ne voulut pas raconter, apprit des choses infinies, et fit lire le dogmatique. Celui-ci, clair, net, concis, appuyé de passages sans nombre et partout de l’Écriture et des Pères ou des conciles, modeste, mais serré et pressant, parut un contraste du barbare, de l’obscur, de l’ombragé, du nouveau et du ton décisif de vrai et de faux