Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour revenir d’où la parenthèse m’a distrait, M. de Cambrai souffrit l’examen qu’il ne put éviter, et duquel il n’avoit rien de bon à attendre, pendant lequel M. de Metz mourut à Metz et qui fit vaquer un cordon bleu et une place de conseiller d’État d’Église. M. de Metz étoit frère aîné de M. de La Feuillade, leur aîné à tous deux ayant été tué à la bataille de Lens en 1647 [20 août 1648], sans alliance, attaché à M. Gaston comme leur père tué au combat de Castelnaudary en 1632. M. de Metz étoit un homme de beaucoup d’esprit, avec du savoir, qui avoit toujours fort été du grand monde. Il avoit été un moment jésuite, à quoi son génie vif et libre étoit fort peu propre. Lorsqu’en 1648 M. de Lyonne fit nommer son père, qui étoit évêque de Gap, à l’archevêché d’Embrun. Georges d’Aubusson, qui est notre M. de Metz, eut Gap, et aussitôt après Embrun, sur le refus obstiné du père de M. de Lyonne, qui étoit un saint évêque, et qui ne voulut point quitter son évêché.

M. d’Embrun brilla fort en diverses assemblées du clergé par sa capacité et son éloquence. Il eut des abbayes et l’ambassade de Venise en 1659, où il se soutint très-dignement, avec sagesse mais fermeté, contre la prétention du nonce Altoriti qui lui disputa l’Excellence et le rochet découvert devant lui, parce qu’à la manière d’Italie il couvroit le sien du mantelet. Il passa de là à l’ambassade d’Espagne en 1661, où il étoit lors de l’insulte du baron de Batteville au comte depuis maréchal d’Estrades, pour la préséance à Londres ; et ce fut ce prélat qui fit à Madrid toute la négociation par laquelle il fut arrêté que l’ambassadeur d’Espagne déclareroit solennellement au roi que son maître lui cédoit partout la compétence, et qu’en aucun lieu les ambassadeurs d’Espagne ne disputeroient le pas ni la préséance aux ambassadeurs de France : ce que le marquis de La Fuentes vint exécuter à Paris comme ambassadeur extraordinaire d’Espagne, en 1662. M. d’Embrun servit en cette occasion avec une grande fermeté et dextérité. Pendant