Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/131

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désolés d’un si grand coup manqué, et par leur jalousie, et par leur espérance sur la dépouille. Mme la duchesse de Bourgogne qui, à force de n’être occupée qu’à plaire au roi et à Mme de Maintenon, prenoit, en jeune personne, toutes les impressions que lui donnoit cette tante si factice, et qui ne cachoit pas toujours celles qu’elle avoit prises, parut [avoir] depuis cette époque un grand éloignement pour MM. et Mmes de Chevreuse et de Beauvilliers, à travers tous les ménagements que le goût du roi lui imposoit, et plus encore l’amitié tendre et toute l’intime confiance de Mgr le duc de Bourgogne pour eux.

Ce qui acheva d’ôter toute espérance à la cabale qui les avoit voulu perdre fut de voir deux jours après les quatre places vacantes chez les princes remplies de quatre hommes proposés par M. de Beauvilliers, les abbés Le Fèvre et Vittement, Puységur et Montriel. Vittement dut ce choix à son mérite, et à la beauté de la harangue qu’il avoit faite au roi sur la paix, à la tête de l’Université dont il étoit alors recteur, et qui fut universellement admirée.

Louville conseilla au duc de Beauvilliers les deux gentilshommes de la manche. Il avoit été avec eux dans le régiment d’infanterie du roi, capitaine.

Puységur en étoit lieutenant-colonel, et par là fort connu du roi. Il l’étoit extrêmement de tout le monde parce qu’il avoit été l’âme de toutes les campagnes de M. de Luxembourg toute la dernière guerre. Outre ces fonctions de maréchal des logis de l’armée qu’il faisoit avec grande étendue et grande supériorité, il soulageoit M. de Luxembourg pour tous les autres ordres de l’armée, il avoit la principale part à ses projets de campagne et à leur exécution, et la confiance en lui étoit telle que M. de Luxembourg ne se cachoit pas de ne rien penser et de ne rien faire pour la guerre sans lui.

Montriel, ancien capitaine au même régiment, étoit fort attaché à Puységur, et tous deux fort amis de Louville et très-propres à cet emploi auprès d’un prince dont l’âge demandoit désormais plus d’application pour les