Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/132

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choses du monde, et surtout de la guerre que pour celles de l’étude.

En même temps que ces amis de M. de Cambrai furent chassés, Mme Guyon fut transférée de Vincennes, où étoit le P. La Combe, à la Bastille, et sur ce qu’on lui mit auprès d’elle deux femmes pour la servir, peut-être pour l’espionner, on crut qu’elle étoit là pour sa vie. Cet éclat ne laissa pas de porter fortement sur les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, et sur leurs épouses. À Versailles où ils vivoient fort peu avec le monde, cela ne parut guère. Mais le jeudi suivant, octave de la Fête-Dieu, c’est-à-dire le quatrième jour après l’éclat, le roi alla à Marly ; ils essuyèrent une désertion presque générale ; M. de Beauvilliers, qui étoit en année, servoit jusqu’au dîner inclus, et le marquis de Gesvres achevoit toujours les journées.

Tout étoit local. À Versailles, le service étoit précis et réglé, et les grandes entrées attendoient dans les cabinets quand ils avoient à attendre. À Marly, où le roi n’en avoit que deux, et encore à peine, nulle grande entrée n’y mettoit le pied. Il falloit attendre dans la chambre du roi, ou dans les salons, mêlé avec tout le courtisan, et cette attente prenoit une grande partie de la matinée, lorsqu’il n’y avoit pas conseil qui y étoit bien moins fréquent qu’à Versailles. Pour les dames, les plus retirées partout ailleurs ne le pouvoient guère être à Marly. Elles s’assembloient pour le dîner, presque jusqu’au souper elles demeuroient dans le salon, et par-ci par-là, les distinguées dans la première pièce de l’appartement de Mme de Maintenon, où elle ni le roi ne se tenoient pas, mais où elles le voyoient passer plus à leur aise, et mieux remarquées.

Mmes de Chevreuse et de Beauvilliers, accoutumées à voir l’élite des dames se ramasser autour d’elles partout, se trouvèrent tout ce voyage-là et quelques autres ensuite fort esseulées. Personne ne les approcha celui-ci, et si le hasard, ou quelque soin, en amenoit auprès d’elles, c’étoit