Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/150

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passeroit pas même au delà de ces deux filles. C’est la première époque de rang, ou plutôt d’honneurs sans dignité dans la maison de Rohan, et non à cette maison.

Aux fiançailles et mariage de M. Gaston avec Mlle de Montpensier, princes ni grands n’eurent point de rang, marchèrent entre eux en confusion, et se placèrent comme ils purent. Les dames ne furent pas d’avis de faire de même, et voulurent marcher en rang. C’étoit à Nantes, et le cardinal de Richelieu faisoit la cérémonie. La duchesse de Rohan qui suivoit la duchesse d’Halluyn, qu’on a aussi quelquefois appelée la maréchale de Schomberg, voulut la précéder. L’autre s’en défendit ; la contestation s’échauffa ; des paroles, elles en vinrent aux poussades et aux égratignures. Le scandale ne fut pas long, et sur-le-champ, la dispute fut jugée et décidée en faveur de Mme d’Halluyn, comme l’ancienne de Mme de Rohan, qui subit le jugement.

Voilà la première époque de prétention, et la prétention fut malheureuse : encore n’est-il rien moins que clair qu’elle roulât sur la maison de Rohan, qui jusqu’alors et bien longtemps depuis n’en avoit aucune ; mais bien sur l’ancienneté entre duchesses, car on voit que Mme de Rohan ne disputa pas à une autre. Mme d’Halluyn étoit fille de M. de Pienne, tué du vivant de son père par ordre du duc de Mayenne, dans la Fère, dont il étoit gouverneur en 1592, et son père avoit été fait duc et pair au commencement de 1588. Il avoit marié M. de Pienne, son fils, à une fille du maréchal de Retz, qui n’en eut qu’un fils, mort tout jeune, en 1598, et Mme d’Halluyn, dont il s’agit ici.

Elle épousa le fils aîné du duc d’Épernon, et en faveur de ce mariage, le duché-pairie d’Halluyn fut de nouveau érigé pour eux, mais avec l’ancien rang du grand-père de la mariée. Ils se brouillèrent, se démarièrent, et n’eurent point d’enfants.

En 1620, Mme d’Halluyn épousa M. de Schomberg avec des lettres en continuation de pairie, tellement que