Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Toscane, et longtemps après M. de Lorraine, la prendre sous prétexte d’avoir épousé des petites-filles de France qui en étoient traitées, tandis que les ducs de Lorraine et de Savoie, gendres de nos rois et leurs beaux-frères, s’étoient contentés de la simple altesse.

Depuis M. de Mayenne, aucun de sa maison n’a été sur les bancs de Sorbonne jusqu’à un fils de M. le Grand, et longtemps après, un autre, tous deux de nos jours, et qui trouvèrent ces distinctions établies en Sorbonne pour beaucoup moins qu’eux, et qui les ont eues.

Le cardinal de Guise, archevêque de Reims, mort à la suite de Louis XIII, pendant le siège de Saint-Jean-d’Angély, n’a jamais été que sous-diacre, et n’avoit jamais songé à entrer en licence, beaucoup moins M. de Guise de Naples, archevêque de Reims, aussi dans son enfance, et qui ne l’a jamais été que commendataire[1]. D’autres maisons souveraines, aucun n’a été prélat en France, ni été en Sorbonne, et toutes ces choses sont des faits certains.

Il faut donc dire que le cardinal de Bouillon est celui en faveur duquel ils ont été inventés. Il étoit né en août 1643, et fut cardinal en août 1669. Il avoit donc vingt-six ans quand il le fut, et c’est dans cet intervalle qu’il obtint ces honneurs en Sorbonne. La façon dont il fut cardinal montrera toute seule comment ces distinctions lui furent déférées en Sorbonne. M. de Turenne fut fait maréchal général des camps et armées de France, le 7 avril 1660, la cour étant à Montpellier. Son neveu avoit alors dix-sept ans. Cette époque marque donc bien en quelle situation étoit M. de Turenne. Elle ne déchut pas depuis, et personne n’ignore le degré de faveur, de crédit, d’autorité, où a toujours été ce grand homme, depuis qu’après tant d’écarts il se fut sincèrement attaché au roi et au gouvernement la dernière fois. Il seroit

  1. Le commendataire percevoit les revenus et avoit les droits honorifiques attachés à une dignité ecclésiastique, sans être chargé de la discipline et souvent même sans être engagé dans les ordres.